L'acteur Centaure

Des chevaux et des hommes (ni chevaux ni hommes)

C'est l'histoire d'un acteur qui n'existait pas, d'un être qui restait à inventer. Né d'affinités fusionnelles entre un humain et un équin, l'acteur-centaure a connu une belle croissance depuis le début des années 90, suite à la rencontre de Camille et Manolo, tous deux férus d'un théâtre physique et sensitif et "ferrés" par les charmes de la race équine.

 

A pied ou à califourchon, au pas ou "plein cul", debout sur une échine ou lovés contre une encolure, les fondateurs du Théâtre du Centaure ne font qu'un avec l'animal qui se cabre en chacun d'eux, pour se transformer en poétiques bêtes de scènes.

 

Après avoir fait entrer les sabots de leurs chevaux dans les théâtres à l'italienne et autres temples de la dramaturgie avec Les Bonnes de Jean Genet ou le MacBeth de Shakespeare, ils s'attellent gaillardement aux enjeux du XXIe siècle. Et mêlent à un "vocabulaire" puisé dans la grammaire équestre (de la voltige à la haute école, en passant par les chevauchées cosaques ou tauromachiques), mille et un langages chorégraphiques et cinématographiques.

l'acteur centaure

 

Devenus auteurs de performances contemporaines d'art et d'essai, Camille et Manolo ne cessent de faire la nique aux compartimentations absurdes qui opposent l'homme et l'homme, l'âne et le centaure, le corps et la parole, l'art et la vie... Eux-mêmes vivent les quatre fers dans le crottin et la tête dans les étoiles, une utopie chevillée à ce corps qu'ils veulent double : ré émerveiller une génération désenchantée, globalisée, atomisée, sans la bercer d'illusions scéniques. Camille, Manolo et leur famille d'étalons frisons, lusitaniens, arabes ou sangs mêlés ont passé des années par dizaines à s'apprivoiser. Aujourd'hui, ils se meuvent et s'émeuvent en centaures, revendiquant ce court poème que leur dédie l'auteur et dramaturge Fabrice Melquiot : "1+1=1".

 

Cathy Blisson. Journaliste. 2010

Partager